Le design universel (également appelé « Design For All » ou encore « Conception Universelle ») est le doux rêve que bon nombre d’utilisateurs ou d’industriels caressent en espérant qu’un produit idéalement conçu soit susceptible d’être utilisé par tous, quelles que soient ses capacités, son âge ou sa culture.
S’il s’agit d’une utopie, il n’est pas rare de trouver des produits qui s’adressent malgré tout au plus grand nombre. Un parapluie, un stylo, un téléviseur ou encore un rouleau de scotch sont des produits qui satisfont une très large majorité d’utilisateurs. Ils ne portent généralement pas de signe d’appartenance à une classe d’âge, classe sociale, ou à un groupe culturel et se trouvent naturellement devenir des produits de grande consommation, que l’on retrouve couramment dans la grande distribution.
Design universel : le graal permettant de ne pas stigmatiser les personnes âgées
Si ces produits sont utilisés régulièrement par tout type de consommateurs, il en va de même pour les personnes âgées qui font partie de ces utilisateurs jusqu’à un certain âge ou niveau d’autonomie tout du moins. Ainsi, l’achat et l’usage de ces produits ne permet en aucun cas de déceler un handicap ou une déficience liée à l’âge. Ce qui répond idéalement aux exigences des seniors de laisser paraître le moins de signe de vieillesse possible.
Le design universel devient ainsi l’outil idéal de «déstigmatisation » et une nouvelle tendance de développement, avec une ergonomie de plus en plus travaillée, sur le principe du « qui peut le plus peut le moins ». Regardez le volant de votre voiture ou l’interrupteur mural de votre chambre pour en être convaincu.
Les limites du design for all
Cependant, ces produits « idéaux » ont leurs limites. S’ils ne font pas apparaître une esthétique ou des fonctions proches de l’utilisateur, ils ne participent pas non plus à valoriser l’estime de soi. On accepte qu’une télécommande ou qu’une casserole soit universelle, on est moins tolérant vis a vis d’un véhicule, d’un fauteuil, d’articles vestimentaires, d’une montre ou d’un téléphone mobile…
Les usages de ces produits d’image vont renvoyer un message fort à l’entourage et seront ainsi sélectionnés, non pas seulement pour leur fonction, mais aussi pour leurs finitions esthétiques. Le design pour tous devient alors inopérant.
Nous ne sommes en effet pas tous prêt à utiliser des montres dont la taille du cadran dépasse celle du poignet sous prétexte qu’une minorité de personnes sont malvoyantes, ni de s’équiper d’un téléphone à grosse touche !
Au design universel s’oppose donc bien la logique d’un design spécifiquement conçu pour telle ou telle catégorie d’utilisateurs. Ceci étant dit il n’est pas interdit de faire des choses belles et valorisantes quelles que soient les populations ciblées !
Changer de regard
En conclusion, quelle orientation design pouvons nous alors proposer à nos aïeux ? En observant différents groupes de notre société (les petits enfants, les adultes nomades, les ados rebels… etc.) nous nous apercevons qu’ils trouvent toute une palette de produits universels mais adaptés à leurs usages, et qui contribuent à construire leur image.
Si nous acceptons qu’il existe aussi un style ou une philosophie de produits valorisant les personnes âgées, alors un savant mélange d’objets « universels » et de produits à tonalité « seniors » peut contribuer à nous prouver qu’il est possible de vieillir avec plaisir.
Quelques exemples de Design for all pour conclure :
L’Iphone, la Twingo, la TV ou encore l’intérieur d’un ascenseur sont des exemples d’un design adapté à tous.
Cet article a été réalisé avec le concours de Nicolas REYDEL de DENOVO DESIGN.
DENOVO est une agence de design industriel spécialisée dans la création, le développement et l’industrialisation de produits destinés aux seniors, au monde médical ou encore aux enfants.
Cet article a été publié par la Rédaction le
Ce qui est exprimé dans cet article correspond à une vision dépassée du Design for all. Il est vrai qu’au départ, ce courant (issu de l’architecture) visait un seul objet, utilisable par tous (ou plutôt par le plus grand nombre). Une sorte d’objet touchant le plus de personnes possibles autours de la moyenne. Mais aujourd’hui la notion de Design for all va au-delà d’un objet « moyen». Un objet (ou une interface…) «pour tous» est un objet qui va avoir un bon potentiel «moyen» et en sus un fort potentiel de personnalisation afin de s’ajuster aux spécificités de chacun. Pour reprendre l’exemple de la montre cité dans le papier : on va produire une montre confortable «moyenne» (on est d’accord là-dessus) MAIS, en plus, on va offrir des possibilités d’ajouter facilement des adaptateurs visuels pour une personne mal-voyante (se synchroniser avec sa loupe logicielle habituelle par exemple), et/ou prévoir des grossissements et contrastes personnalisables dans les paramètres de la montre elle-même, afin que chacun puisse ajuster la montre à ses propres besoins.
Voilà ce qu’est une approche design for all d’aujourd’hui, et là, contrairement à ce qui est dit par l’auteur, nous ne sommes pas dans le domaine de l’utopie.
Parmi les exemples cités en fin, celui qui se rapproche le plus de la notion de Design for all, c’est l’Iphone, qui permet de nombreux réglages d’accessibilité en natif. La Twingo, quant à elle, n’a rien de plus design for all que la plupart des voitures récentes que proposent maintenant toutes de nombreuses facilités de personnalisation (hauteur du volant, distance des pédales…). La TV par contre est encore très loin du compte, autant sur les contenus que sur les façons de les consulter. Cela viendra avec les nouvelles générations de TV.